C’est une image qui ne change rien et qui change tout. Elle ne change rien parce qu’elle ne troublera pas le cours de l’épidémie. Elle change tout parce qu’elle permettra une meilleure vision et une meilleure détection de la maladie. Elle donne aussi symboliquement un visage palpable à un mal jusqu’ici invisible et fantasmatique. Depuis son apparition, le Sars-CoV-2 est une ombre dans l’air expiré des personnes infectées ou bien cramponnée à leurs poumons. Si les médecins peuvent voir ses effets sur les images de scanners classiques, des opacités pulmonaires nommées « nodules en verre dépoli », le grand public, lui, ne comprend cette pandémie qu’au travers de patients sous respirateur, de soignants épuisés et de cercueils qui s’entassent.Lire aussi : Coronavirus et perte de l'odorat : "44% des patients l'ont récupéré en 15 jours"Du point de vue d’une bactérie, ce coronavirus, de 60 à 140 nanomètres de long, est un géant. Mais pour dévoiler ses effets à l’intérieur du corps humain, il fallait Rodolphe Gombergh, radiologue atypique de 68 ans. Chevelure blanche et longue, ce dandy pourrait être un lointain cousin du Pr Didier Raoult ou bien de Cédric Villani. Petit air faussement naïf et intelligence pointue au service d’une passion : nos viscères. On rencontre l’étrange bonhomme plein de fantaisie dans son antre, près du parc Monceau, fermé pour cause de confinement. Impossible de le croiser dans son bureau de recherche aux airs de salle de commande ...